Synopsis Chloé et son beau-fils Jacob vivent dans un manoir isolé sur une île. Son mari est en voyage et elle ne sait pas où il se trouve. Un soir de tempête, elle boit un verre avec son

Article réservé aux abonnés Un jour viendra où tout ce qu'aura écrit Marguerite Duras fera partie de son oeuvre quelques mots griffonnés un soir de solitude, un petit billet laissé pour celui qui va rentrer alors qu'elle est sortie, une carte postale envoyée pour la nouvelle année... Ce jour vient pour tous les grands écrivains. C'est le travail de la postérité éditions de textes mineurs curiosités, documents , accompagnées de recherches biographiques et de travaux critiques sur des inédits jugés impubliables. C'est tout appartient à ces textes plus que mineurs, mais personne ne semble déplorer qu'on le publie maintenant tant le voyeurisme, la morbidité et son cortège de conduites troubles sont devenus quotidiens. On croyait encore qu'ils se limitaient aux reality-shows à la télévision. Mais Duras, quoi qu'elle publie, fait vendre ». Alors... Elle, pourtant, dans ces fragments d'une vie qui s'en va, remarque Ça n'est pas sûr que j'écrive ce livre. C'est aléatoire. » En effet, elle n'écrit pas il ne reste ici que quelques phrases, tantôt belles, lucides, tantôt banales ; à cela s'ajoutent quelques bribes de dialogues avec son compagnon, Yann Andréa, le tout commençant en novembre 1994, puis repassant par octobre pour aller jusqu'au 1er août 1995. Peut-on dire que c'est parfois désolant sans rejoindre la cohorte de ceux qui refusent de reconnaître la place de Marguerite Duras dans la littérature française du XXe siècle ? Sans doute, car on est en droit de refuser l'alternative imposée depuis quelques années, depuis la difficile vieillesse de Duras C'est tellement dur de mourir », écrit-elle. On est sommé de choisir son camp ou bien assurer que Duras est un écrivain surévalué » et applaudir aux livres qui tentent de nier la singularité et l'importance de son oeuvre, ou bien prétendre que chacun de ses gestes est une manifestation de son génie de son délire sur l'affaire Grégory à son engouement pour Bernard Tapie. C'est tout est déjà jugé de cette manière-là. Les uns en rient, et c'est plutôt révoltant. Les autres s'émeuvent de la beauté du désespoir, de la dernière surprise » de la vieille dame, ces brefs échos d'amour et de mort, de grand amour mortel. Il y a quelque chose de gênant, voire d'inquiétant, dans la célébration de cette mort d'écrivain en direct Je le sens comme ça les choses sont finies », affirme Duras. On aime tellement, au fond, savoir que les écrivains ne peuvent plus écrire. On se garde de l'avouer, mais c'est posthumes » qu'on les veut. C'est ainsi depuis toujours Mourez et vous serez célébrés. » Duras le sait bien, et comme tous ceux qui comptent dans la littérature, elle a combattu ce désir d'annulation. A sa manière à elle, c'est-à-dire en jouant une forme d'acquiescement. En se transformant en pythie, en ressassant du mortifère. Le piège a fini, évidemment, par se refermer sur elle, avec ce livre, C'est tout. L'autre Marguerite », Yourcenar, disait qu'elle écrirait jusqu'à ce que la plume lui tombe des mains. Mais elle savait, elle, que, quelquefois, il faut être protégé de soi-même, pour éviter de publier alors que la plume est déjà tombée de la main. Heureusement, il reste Duras, son courage et sa cinquantaine de livres où elle a déjà écrit, magnifiquement, ce que C'est tout échoue à exprimer. Si l'on aime Marguerite Duras sans voyeurisme et sans rapacité, il y a tant à relire, à commencer par le Ravissement de Lol V. Stein, dont cette seule phrase en dit plus que tout le texte d'aujourd'hui Je nie la fin qui va venir probablement nous séparer, sa facilité, sa simplicité désolante, car du moment que je la nie, celle-là, j'accepte l'autre, celle qui est à inventer, que je ne connais pas, que personne n'a encore inventée la fin sans fin, le commencement sans fin de Lol V. Stein. » Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

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